Debarim

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1. Marc au fil du calendrier biblique

Troisième mois (Sivan)

Jours : 123456789101112131415161718192021222324252627282930

Quatrième mois (Tammuz)

Jours : 123456789101112131415161718192021222324252627

Onzième mois (Av)

Jours : 123456789101112131415161718192021222324252627282930

Douzième mois (Ellul)

Jours : 123456789101112131415161718192021222324252627

2. Exégèse

3. Liturgie

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Marc au fil du calendrier biblique


L'observation des apprentissages oraux dans les sociétés traditionnelles, en particulier palestienne, comparée aux textes évangéliques, a convaincu le père Marcel Jousse que l'enseignement du rabbi Yéshoua visait à être mémorisé par ses disciples.

Bernard Frinking, allant plus loin, a établi que l'Église a procédé de même avec un Évangile conçu pour être mémorisé, communautairement, selon un calendrier de mémorisation quotidienne qui ne peut être que le calendrier biblique (B. F., “La parole est tout près de toi”, Bayard Centurion, p. 69-84).

Selon ce calendrier, les mois suivent la lune. Le cycle lunaire de 29 jours, 12 heures, 44 minutes et une poignée de secondes est arrondi à une alternance de mois impairs de 30 jours et pairs de 29, pour un total de 354 jours. Et pour éviter le décalage avec l'année solaire de 365 jours, on redouble périodiquement le 12ème mois.

En ce qui concerne l'Évangile selon Marc, on compte 673 versets (on ôte habituellement 7:16, 9:44, 9:46 et 15:28). Bien sûr, la division en versets ne date que de 1551 (un Nouveau Testament Grec édité par Robert Estienne), et n'a donc aucune autorité ; mais statistiquement cette division peut servir pour la répartition. Ainsi, si l'on récite deux versets par jour, la récitation court sur 337 jours, avec une moyenne de 33 mots par jour, ce qui n'est pas la mer à boire (le Coran s'apprend traditionnellement avec 44 mots par jour, en 7 ans, 7 mois et 7 jours). Il semble donc que l'Évangile selon Marc puisse être mémorisé ou récité quotidiennement en une année, et que ce soit même une charge légère pour des épaules habituées à ce genre de transmission du savoir, telles que l'étaient celles de nos anciens.

Précisons qu'il ne s'agit pas ici de la lecture pour l'assemblée hebdomadaire des fidèles : celle-ci n'est pas destinée à l'apprentissage, mais plutôt à l'entretien de la mémoire, par l'audition de passages plus longs. Le calendrier de récitation est celui de l'apprentissage quotidien des catéchumènes ou des néophytes, sur le modèle des enfants apprenant chaque jour la Torah et les Prophètes dans les écoles de Judée et de Galilée.

La fête de la Pâque semble toute désignée pour être le point de départ et d'arrivée de la récitation. On voit en effet dès le début le baptême prêché par Jean, auquel le Seigneur lui-même se soumet, et à la fin sa mort et sa résurrection, où il réalise ce baptême en vérité et envoie ses Apôtres pour y inviter les hommes. Certains (Bowman) ont avancé l'hypothèse que l'Évangile de Marc ait pu être une haggadah chrétienne, à réciter comme la juive lors de la nuit pascale. Bernard Frinking pensait que les catéchumènes auraient pu réciter l'ensemble juste avant d'être baptisés (un total de trois heures et demi de récitation).

A ce stade de sa réflexion, Bernard Frinking examina l'hypothèse du père Jean Delorme, spécialiste de Marc, qui propose de lire Marc à partir de la relation du rabbi et de ses douze disciples (“Lecture de l'Evangile selon saint Marc”, Paris 1972, p. 31-32). Il en arrive à dénombrer six étapes, rythmées par : 1. L'appel de quatre d'entre eux (1:16). 2. L'appel des Douze (3:13). 3. L'envoi des Douze (6:7). 4. La confession de foi de Pierre (8:27), qui initie le pèlerinage vers Jérusalem. 5. L'arrivée à Jérusalem une semaine avant la Pâque (11:1). 6. La Passion et la Résurrection (14:1).

Or, en répartissant le texte sur l'année selon ce découpage, surprise pour le nombre de versets : Préambule : 15. Etape 1: 70. Etape 2 : 112. Etape 3 : 112. Etape 4 : 112. Etape 5 : 114. Etape 6 : 126. Le nombre 112 se répète trois fois, et le nombre 114 est statistiquement équivalent. Or 6 x 112 = 673 ! Comme le 6ème de l'année est égal à deux mois, les étapes 2, 3, 4 et 5 devaient ainsi durer 2 mois.

Quant à la sixième étape, si on l'arrête comme les autres à 112 versets, elle se termine avec le vendredi saint, qui est justement le sixième jour (15:41). Et la suite, “Le soir étant advenu” (15:42), ouvre le septième, l'ensevelissement, le samedi saint. En six versets. Donc en trois jours. Puis commence le chapitre 16 et la résurrection, “le jour un de la semaine” (16:2). Il est ici légitime de ne pas rester fixé au rythme des deux mois et de définir ces étapes d'après le jour de la semaine. Ainsi nous n'aurions pas six étapes, mais huit, pour nous entraîner vers le “jour un” de la nouvelle création, par le baptême dans la mort et la résurrection du Seigneur. L'enseignement de ces huit étapes est clair : le baptême assure aux croyants l'entrée dans la vie éternelle.

Le problème de l'origine de la finale longue de Marc (16:9-20), réputée canonique mais non de Marc, n'est pas tranché, mais il faut admettre que seule cette finale permet de boucler la récitation en une année complète. En effet, en répartissant le texte sur chaque jour de l'année, Bernard Frinking arrive à 57 jours pour chacune des étapes 2 à 6, avec deux jours creux à la fin du mois pair, à qui il attribue une fonction de révision et de rattrapage. Or ces deux jours se retrouvent à la fin de la récitation entre la huitième étape et la première. Première étape qui avec ses 85 versets prend la place vacante du lendemain de la Pâque au début du troisième mois. Et bien sûr, entretemps, les deux jours qui suivent la fin de la récitation de l'Évangile selon Marc permettent de célébrer la Pâque, et de la célébrer surtout par le baptême, le don de l'Esprit et le repas eucharistique, Pâque nouvelle des chrétiens.

L'Évangile selon Marc peut ainsi être lu selon le calendrier biblique. Les saisons et leurs travaux agricoles ou pastoraux, mais surtout les fêtes, ainsi que vous pourrez le constater, se trouvent être revêtues d'une signification qu'on peut qualifier d'accomplissement.

Il est clair que Marc n'a pas inventé le principe, et que d'autres livres bibliques sont construits pour être lus jour après jour. Pas forcément sur un an pile comme Marc. Pour l'Ancien Testament, Bernard Frinking a étudié Genèse et Exode, et personnellement j'ai étudié Psaumes et Isaïe. Or Isaïe, premier de la série des prophètes, et cité au tout début de Marc, est vraisemblablement relu par Marc presque jour après jour, c'est-à-dire que son calendrier est sous-jacent à celui de Marc et que Marc y fait de nombreuses références. Mon commentaire fait référence aux plus visibles d'entre elles. Pour le Nouveau Testament, Bernard Frinking a pu mettre au point dans les grandes lignes le calendrier des trois autres évangiles, et, de manière plus précise, celui de l'Apocalypse, qui est une construction de haut vol.

Quant à ce commentaire, écrit au jour le jour après quarante ans de mémorisation et d'étude, il veut montrer la cohérence et la beauté de l'entreprise de Marc, probablement le premier Évangile disposé selon le calendrier. On y voit comment le Messie accomplit et transcende le particularisme d'Israël, en l'ouvrant aux nations par la constitution d'une Église au-delà des frontières, qui ouvre l'espérance d'Israël au-delà de la terre, à ce “royaume des cieux”, qui est la vie éternelle et divine, et dont il se présente comme la source. Cette source il la rend accessible non par l'ancienne économie, celle de l'obéissance aux préceptes de la Loi, mais par la foi en lui, unique sauveur. Le mode d'emploi le mieux adapté pour goûter ce commentaire est bien sûr de lire en suivant le calendrier biblique, après avoir goûté et mémorisé la Parole du Maître qui conduit jour après jour ses disciples vers la Vie éternelle.

marcophil.txt · Dernière modification: 2020/12/23 12:38 de fg