Debarim

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DEBARIM

1. Marc au fil du calendrier biblique

Troisième mois (Sivan)

Jours : 123456789101112131415161718192021222324252627282930

Quatrième mois (Tammuz)

Jours : 123456789101112131415161718192021222324252627

Onzième mois (Av)

Jours : 123456789101112131415161718192021222324252627282930

Douzième mois (Ellul)

Jours : 123456789101112131415161718192021222324252627

2. Exégèse

3. Liturgie

marcm04j05

Marc, mois 4, jour 5

5:5. Et à travers tout * nuit et jour
dans les tombeaux * et dans les montagnes
il se trouvait à crier * et à se frapper avec des pierres


5:5. Et à travers tout : Marc, d'une manière exagérée, dit “à travers tout”, pour mieux évoquer par cet homme la geste luciférienne qui à partir du jardin des origines a contaminé “le tout visible et invisible”, l’univers. On a déjà cité Isaïe : « Tu disais dans ton cœur : “J’escaladerai les cieux (…), je m’égalerai au Très-Haut”, mais tu as été précipité au shéol » (Is 14:13-15). Il y a aussi Ezéchiel : « Tu étais en Éden, au jardin de Dieu, je t’ai précipité de la montagne de Dieu et t’ai fait périr ; ton cœur s’est enorgueilli, je t’ai jeté à terre » (Ez 28:13, 16, 17). Les hommes à la suite de Satan reproduisent sans cesse cette exaltation du péché suivie de la chute dans la fange : « Toute chair avait une conduite perverse sur la terre » (Gn 6:12). « Aucun qui agisse avec bonté, pas même un seul » (Ps 13:1). Aussi « Dieu les a livrés selon les convoitises de leur cœur à une impureté où ils avilissent eux-mêmes leurs propres corps, Dieu les as livrés à des passions avilissantes, Dieu les a livrés à leur esprit sans jugement » (Rm 1:24, 26, 28). « Je vais amener le déluge des eaux sur la terre pour exterminer toute chair » (Gn 6:17). Et ainsi « La mort a passé en tous les hommes, du fait que tous ont péché » (Rm 5:12).

Nuit et jour : Marc insiste : “à travers tout” évoque l’espace, “nuit et jour” évoque le temps. Il y a persévérance dans le mal. « La convoitise l’attire et le leurre, puis la convoitise, ayant conçu, enfante le péché, mais le péché, à terme, engendre la mort » (Jc 1:15). On peut voir aussi dans la nuit le pécheur « à l’affût, dans l’ombre » (Ps 9:30) : « Qui fait le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient démontrées coupables » (Jn 3:20), et dans le jour on peut voir ceux qui « prennent plaisir à se livrer à la débauche en plein jour » (2P 2:13), justifiant insolemment ce que d’abord ils cachaient honteusement : le mal devient nor/mal.

Dans les tombeaux et dans les montagnes : Troisième opposition dont l’ensemble peut évoquer les 2×3 dimensions du cosmos : “à travers tout” serait gauche-droite ; “nuit et jour” serait avant-arrière ; “tombeaux-montagnes” serait bas-haut (6+6+6). Le cosmos est empli par « les cosmocrates de ces ténèbres » (Ep 6:12), au service du prince de ce monde, poussant vers l’éclatement quiconque qui a perdu son centre (le 7 qui manque). Le “grand tourbillon de vent” évoquait déjà ce désordre cosmique (Mc 4:37). Tombeaux et montagnes évoquent plus spécifiquement le désordre de l'alliance contre-nature du mort et du vivant, du trivial et du spirituel, la schizophrénie du geai paré des plumes du paon, l’auteur des turpitudes les plus odieuses se réclamant de la plus haute spiritualité. C'est là cette connaissance du bien et du mal que Dieu voulait éviter à sa créature (Gn 2:17). Mais “est-ce bien l'homme qui faisait trembler la terre ? On t'a jeté hors de ton sépulcre” (Is 14:16, 19).

Il se trouvait à crier : En Marc on crie soit pour confesser la vérité, soit pour vociférer avec les démons. Le dernier cri en Marc est le pire : “Crucifie-le” : haine d'une foule inspirée par les chefs-des-prêtres, eux-mêmes inspirés du démon (on reconnaît les trois étages du temple déchu), destruction de tout espoir de salut. Ici, le malheureux ne sait pas ce qu’il crie. La perte de son centre (le 7, le repos du shabbat, que n’observent pas les païens) suscite une souffrance indicible, d’où cette violence d’abord verbale dans un langage inarticulé, sans logos : il clame son besoin ontologique de paix. La tempête qui vient d'être évoquée en était la comparaison, et son vacarme même était comme une réclamation du grand calme qui advint.

Et à se frapper avec des pierres : Sa violence ne trouvant pas d’exutoire se retourne contre lui-même. Je me suis toujours dit que la fin de Satan sera son suicide, qu’il préférera se jeter dans l’étang de feu et de soufre (Ap 20:10) plutôt que de reconnaître sa défaite. Et il y rejoindra, dit l’Apocalypse, la bête et le faux-prophète, qui sont ses hiérarques, et donc toute sa tour de Babel, dont font partie tous ces hommes qui, dès cette terre, en sont venus à se frapper avec des pierres. Le temple du monde déchu, préfiguration de l’enfer, est ainsi fait lui aussi de pierres vivantes, mais ce sont des pierres coupantes, qui se raclent mutuellement, société de violence construite en se faisant mal les uns aux autres et à soi-même, cote mal taillée. « Leur supplice durera jour et nuit » (Ap 20:10). Mais pour l'heure, le Seigneur vient, le règne de Dieu s'approche.

marcm04j05.txt · Dernière modification: 2020/12/20 07:54 de fg