5:3b. Et personne ne peut plus le lier même avec une chaîne * 4. parce que souvent il avait été lié
avec des entraves * et des chaînes
et les chaînes avaient été cassées par lui * et les entraves brisées
et personne n’avait-la-force de le dompter

5:3b. Et personne ne peut plus le lier : Ces liens font tout de suite imaginer la répression qui enferme les fous par la violence, alors même qu'on fait grand usage d'expressions telles que « lien social », ou « tisser des liens ». Le mot “lien” a également donné le mot « religion ». Il s’agit donc non seulement des liens carcéraux, mais des « liens d’amour » (Osée 11:4), des liens affectifs, sociaux, spirituels, et spécialement la Torah, que ce païen n’a pas reçue. Les anciens conçoivent l’éducation comme un lien, une discipline, un joug, un fardeau (cf. Si 6:23-25…). De nos jours on dit des enfants sans éducation qu’on ne leur a pas mis de limite, et qu’ils deviennent ainsi des sauvageons indomptables. Ainsi faut-il lier leur « vieil homme » pour délier “l'homme nouveau” (Col 3:9-10), capable, lui, de « tisser des liens ». Amour et fermeté vont bien ensemble.

Même avec une chaîne : Dans le Nouveau Testament, les chaînes vont toujours par deux, une à chaque main, sauf ici et… à la fin des temps, quand un ange liera le Dragon avec une énorme chaîne et l’enchaînera pour mille ans… (Ap 20:1). Cet homme, à force de liberté, ou plutôt à force de « faire de la liberté un voile pour sa malice » (1P 2:16), s’est  fait avoir, tombant dans la possession démoniaque. Les exorcistes connaissent bien cette force surhumaine qui peut saisir nombre de possédés. Noter que le mot “lier” est aussi employé pour l’homme fort de la deuxième comparaison (3:27), qui figure Satan. Car, singeant Dieu, Satan modèle l’homme à son image.

4. Parce que souvent il avait été lié avec des entraves et des chaînes : Les entraves sont les ceps qui entravaient les pieds des prisonniers (Ac 16:24) ; les chaînes quant à elles liaient les mains (Ac 12:6). Au-delà, il faut y voir les entraves des lois et les chaînes des différentes alliances (Adam, Noé, Abraham, Moïse…) par lesquelles Dieu a éduqué l’homme afin de le faire progresser et de le lier à lui par “la loi parfaite, la loi de liberté” (Jc 1:25).

Et les chaînes avaient été cassées par lui et les entraves brisées : On pense au slogan “Jouir sans entraves” : aujourd’hui, pour dominer “le monde présent”, l’homme déchu, avec une force surhumaine, démoniaque, voudrait briser même les lois naturelles. Face à ce désir de domination, la Loi, naturelle ou non (Rm 2:14-16), ne peut que donner connaissance du péché, non justifier (Rm 3:20). Ainsi le péché d’Adam continue d’agir en tout fils d’Adam, et la mort de faire son œuvre (Rm 5:12).

Et personne n’avait la force de le dompter : Cet homme dans son excès de folie est devenu l'image de Satan, « lui qui rouait de coups les peuples avec emportement sans relâche, qui maîtrisait avec colère les nations, les pourchassant sans répit » (Is 14:6). Mais “Il vient, le plus fort que moi”, annonçait le Précurseur (1:7). Et, lui, plus fort que le fort de la maison du fort (Lc 11:22), aura “la force de le dompter”. La demeure dans les tombeaux nous ramène à Ba’alZévoul, le “maître de la demeure” (3:22) et à la maison du fort de la deuxième comparaison (3:22) : en muselant le vent, le Seigneur “liait le fort” qui s’acharnait sur les païens, et en muselant la mer, il permettait à l’Église de ne pas être engloutie (4:36). Maintenant il ne reste qu’à “piller sa maison”.