Debarim

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1. Marc au fil du calendrier biblique

Troisième mois (Sivan)

Jours : 123456789101112131415161718192021222324252627282930

Quatrième mois (Tammuz)

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Onzième mois (Av)

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Douzième mois (Ellul)

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2. Exégèse

3. Liturgie

marcm04j15

Marc, mois 4, jour 15

5:22b. Et le voyant il tombe à ses pieds
23. et il le  supplie beaucoup * en disant :
Ma fillette est à la fin * Viens pour imposer les mains sur elle
pour qu’elle soit sauvée * et qu’elle vive

24. Et il est s’en est allé avec lui
et une foule nombreuse le suivait * et on l’enserrait


5:22b. Et le voyant : “En ta lumière nous verrons la lumière” (Ps 35:10). Jaïre en le voyant trouve le sens de son nom. Cette bouchée se récite justement dans la lumière de la pleine lune. Le Christ fait disparaître le voile sur le visage de Moïse : de la gloire passagère de l’Ancien Testament à la gloire éternelle du Nouveau, Jaïre réfléchit désormais la gloire du Seigneur (2Cor 3:8). Et le Seigneur aussi le voit, comme il est dit : “Et Dieu vit la lumière : cela est beau” (Gn 1:4).

Il tombe à ses pieds : Comme un ennemi frappé qui ne pourra plus se relever (Ps 17:39). Il faut se rappeler qu’il y a peu, en sortant de la synagogue, les adversaires du Seigneur “tenaient conseil contre lui en vue de le perdre” (3:6). Mais pour l’amour de sa fille on est prêt à tout ! A réviser son avis, à opérer des révisions déchirantes, et même à perdre sa bonne place, voire à être exclu de sa tribu (cf. Jn 9:22). Quant au Seigneur, de son côté, même s’il a “traversé vers l’autre rive” (4:35), il n’abandonne pas son peuple, et sa Parole a encore du fruit à donner en Israël (Is 55:11) ; son glaive (Ep 6:17, Ap 19:15) doit encore frapper (Is 5:22). “Jusqu’à ce que j’aie posé tes ennemis sous tes pieds, domine au milieu de tes ennemis” (Ps 109:1-2).

23. Et il le supplie beaucoup : C'est la même prière instante de l’Apôtre pour son peuple (Rm 9:1-3, 10:1-4), « génération déviante » (Ac 2:40). Oui, Jaïre, comme Paul tu as hurlé avec les loups (Ac 9:1), mais maintenant comme lui tu supplies « celui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1:21).

En disant Ma fillette est à la fin (eschatos) : Quand l’ennemi est à tes pieds, c’est sa fin. Or l’Apôtre écrit : « Le dernier ennemi détruit, c’est la mort, car “il a tout mis sous ses pieds” » (1Cor 15:26-27, citant Ps 8:7)… Le mot « dernier » (eschatos), traduit par “à la fin”, est le même qui qualifie la fillette. Il écrit aussi qu'« à la fin (outos pas) tout Israël sera sauvé » (Rm 11:26)… Or il est le premier des chefs-de-synagogue, et sa fille est la dernière (eschatos) ! Il y a analogie entre sa synagogue et sa fillette : en tant que Jaïre, illuminé par Dieu, il se doit de la conduire à l’illumination : “Éveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts et t’illuminera… le Christ !” (Ep 5:14) Autrement dit, l’évangéliste lit dans cette guérison (bien réelle par ailleurs !) une comparaison sur la place de l'appel d'Israël par rapport à l'appel des nations dans l’Église. Jaïre comme Paul éprouve « grande tristesse et douleur incessante pour ses frères » (Rm 9:2-3) « qui ont buté sur la pierre d’achoppement » (v. 33), alors comme lui il prie pour qu'ils soient sauvés, car il a compris que sans Christ la Synagogue est à sa fin, mais que « la fin (telos) de la Loi, c’est le Christ, pour la justification de tout croyant » (Rm 10:4). 

Viens : « Maranatha » (1Cor 16:22), « Viens, Seigneur Jésus » (Ap 22:20), tel est le cri des convertis qui leur obtiendra « le temps du répit » et cette « apocatastase » (Ac 3:20-21) qui est la restauration de l’état initial, dans l’amitié divine. C'est aussi “Vienne ton règne”, la prière du Seigneur (Mt 6:10).

Pour imposer les mains sur elle : Imposer les mains est censé transmettre la puissance divine ; le geste s’accompagne d’une parole qui transmet la bénédiction divine. Il faut dire que l’homme fut modelé (Gn 2:7) par les deux mains de Dieu, ce qu'exprime la célèbre faute d’orthographe biblique mettant deux yoddim au lieu d'un au verbe modeler. Or yod veut dire main. Le Talmud y a lu bizarrement le bon et le mauvais penchant de l’homme ; saint Irénée, lui, y a lu le Verbe et le Souffle de Celui qui a dit : « Faisons l’homme à notre image » (Gn 1:26). Et donc, si le Verbe s'est fait chair, il est capable, uni à l'Esprit, de donner la vie (cf. Jn 5:21).

Pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive : Par sa foi Jaïre mérite son nom d’“illuminé de Dieu” : ce que Dieu a créé par ses mains, nous dit-il, le Verbe fait chair peut le recréer, en transmettant le Souffle de vie.

24. Et il s’en est allé avec lui : Remarquez la différence avec le centurion romain dont l'enfant fut guéri sur l’heure et sans déplacement. Le Christ, n’ayant pas trouvé une telle foi en Israël, a porté le salut aux nations illico, même sans se déplacer (Mt 8:10-13), en respectant encore l’usage de ne pas entrer chez les païens (Jn 18:28 ; 11:2). Ce sont ses Apôtres qui feront le pas et franchiront le seuil interdit (Ac 11:1-18). Mais pour l’enfant qui représente Israël, même si son père a foi dans le Messie, il faut un chemin, une longue attente, comme pour le père qui espère sa guérison. Une longue attente qui doit voir passer un autre avant lui…

Et une foule nombreuse le suivait : La foule, celle des élus, l’Église, à la suite du Christ, parcourt le monde pour chercher la brebis égarée dans la montagne (Mt 18:12). Chacun son tour d’être perdu : autrefois, Israël, tu étais la seule brebis, et les nations étaient les 99 égarées : aujourd’hui c’est l’inverse ! (Rm 11:7, 30-32) « Car Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour leur faire à tous miséricorde » (Rm 11:32).

Et on l’enserrait : Cette précision prépare à l’épisode qui suit… Elle accentue ce “Viens”, ce « Maranatha » : la divinité enserrée dans l'humanité, “gémit comme celle qui enfante, suffoque, cherche son souffle” : « Longtemps j'ai gardé le silence, je me suis tu, je me suis contenu », mais, tel un héros le Seigneur s'élance : les îles et leurs habitants vont le louer (Is 42:10-14).

marcm04j15.txt · Dernière modification: 2020/12/22 13:52 de fg