Debarim

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DEBARIM

1. Marc au fil du calendrier biblique

Troisième mois (Sivan)

Jours : 123456789101112131415161718192021222324252627282930

Quatrième mois (Tammuz)

Jours : 123456789101112131415161718192021222324252627

Onzième mois (Av)

Jours : 123456789101112131415161718192021222324252627282930

Douzième mois (Ellul)

Jours : 123456789101112131415161718192021222324252627

2. Exégèse

3. Liturgie

marc.m03j01

Marc, mois 3, jour 1

Arrivée au Sinaï. Moshè monte sur la montagne (Ex 19:3)

3:13. Et il monte sur la montagne
et il appelle-à-lui ceux qu’il voulait * et ils s’en allaient vers lui

14. Et il en a fait Douze *  qu’il a nommés aussi envoyés
pour qu’il soient avec lui * pour qu’il les envoie clamer

15. et avoir autorité de jeter-dehors les démons

3:13. Et il monte sur la montagne : C'est par ce calendrier de récitation que nous comprenons que la montée du Seigneur reprend celle du Sinaï, c’est-à-dire relit la fête de Pentecôte. Car le premier jour du troisième mois, les israélites arrivèrent en bas de la montagne (Ex 19:1), pour le don de la Loi (Torah) et la conclusion de l'alliance (berith), les deux événements les plus importants de cette fête pour les israélites (cf. Ex 20 et 24). Il y a là une triple montée que le Seigneur résume ainsi : « Vous avez vu 1° ce que j'ai fait aux Égyptiens, 2° comment je vous ai portés sur des ailes d'aigle et 3° amenés jusqu'à moi » (Ex 19:4). On peut y lire 1° Purification, séparation, début, 2° Illumination, consolidation, progression, 3° Union, perfection, aboutissement. C'est la triple montée sur la montagne qui sera sans cesse reprise, et qui en Marc trouvera son apothéose dans l'Enlèvement du Seigneur “à la droite de Dieu” (Mc 16:20), prélude de l’Enlèvement de ceux qu'ici-même “il appelle-à-lui” (Mc 3:13). Cf. 1Th 4:14, 17.

Et il appelle-à-lui (proskaléitai) : Il y a déjà eu trois appels : deux disciples, puis deux, puis un (Mc 1:17, 20, 2:14), mais une seule fois le mot (1:20), signe que ces trois sont un. Ensemble, ils sont le premier niveau d'un appel, celui de le rejoindre dans sa mission, de “devenir pêcheur d’hommes” (1:17). Or ici apparaît un niveau plus profond de l’appel (kaléo), avec ce préfixe pros, “à-(lui)”, donc à s'unir à lui, « à reproduire l'image de son Fils » (Rm 8:29) monté le premier. Être appelé-à-lui là où il est lui-même monté, c'est pouvoir s’unir dès avant le sommet à celui qui s’est fait « voie et vérité et vie » (Jn 14:6), début, progrès et fin : en s’unissant à son humanité (dans la plaine d’ici-bas) on monte vers sa Divinité (“sur la montagne” du monde à venir).

Ceux : Et il apparaît aussi que le deuxième niveau de l’appel est collectif. Moïse monta seul (Ex 19:3), les douze tribus devant rester en bas (v. 12). Ici la mise à part (qui est le sens du mot « sainteté ») est collective. Le vœu de Moïse s'accomplit : « Puisse tout le peuple du Seigneur être prophète, le Seigneur leur donnant son Esprit » (Nb 11:29).

Qu'il voulait : Il les veut : « Il a voulu nous enfanter par le Verbe de vérité, pour que nous soyons prémices de ses créatures » (Jc 1:18). Or à Pentecôte on offre les prémices de la moisson au temple (Ex 23:16). Et le sens final de Pentecôte est l'engrangement des élus dans le Royaume, qui est le Corps du Christ. Il appelle en lui ceux qu’il voulait, en fait. Pâques était la première gerbe (Lv 23:10-15), celle du Christ ressuscité, premier jour de récitation de l’Évangile de Marc, au lendemain de Pessah. « Et ceux qu'il a prédestinés, il les a aussi appelés » (Rm 8:30), et ils seront la moisson. Cinquante jours après la Résurrection, le don de l’Esprit aux Apôtres (Ac 2) approfondira encore ce sens, et multipliera le nombre des appelés.

Et ils s'en allaient vers lui : « Avec ceux qui l'aiment, Dieu collabore » (Rm 8:28) : appel + réponse libre (comme en 1:20) = synergie (cf. Mc 16:20) de l'amour en Christ. “Et ceux qu'il a appelés, il les a aussi glorifiés” (Rm 8:30). Le “vers lui” suggère qu'il y aura un progrès perpétuel de ceux qu’il a appelés, toujours « tendus vers lui » (cf. Ph 3:12-14). Il faut souligner aussi l’aspect de renoncement, mais l’amour rend aveugle, et donne la force, en allant vers lui, de « quitter son pays, sa parenté et la maison de son père », comme Abraham (Gn 12:1).

14. Et il en a fait : « Tout ce qu'il a voulu, il l'a fait“ (Ps 113:11). Dans le Principe (Ap 3:14), qui est son Verbe, Dieu crée cieux et terre (Gn 1:1) ex nihilo (2M 7:28), mais “faire” a un sens très fort d'organisation de leur tohu va bohu (Gn 1:2) : par son Verbe il fait (Gn : 1:14-16, 24-26), Jacques et Jean, eux, ont été « défaits » de leur maison de Zébédée au premier appel (1:20), les voilà ici « refaits » en « gens de la maison de Dieu » (Ep 2:10). Telle est la nouveauté de ce deuxième appel, qui vise un modelage : 1° il monte ; 2° il appelle-à-lui ; 3° il en fait Douze. Une nouvelle création commence, une nouvelle cité, où les Douze seront les assises du rempart (Ap 21:14).

Douze : C’est face à l’agrandissement de son auditoire que le Seigneur appelle sept nouveaux disciples : D'abord “toute la ville était rassemblée près de la porte” (1:33), puis “il n'y avait plus de place” (2:2), puis “une nombreuse multitude”, internationale, le suit près de la mer (3:7). La fanatisation des pharisiens n'y fait rien ; au contraire elle accélère le succès de la prédication : « Leur rejet fut la réconciliation du monde » (Rm 11:14). Face à eux le Seigneur forme sa propre fraternité (adelphotes, héb. chavurah) de disciples qui sont un collège, celui des prémices de son nouveau peuple, “princes sur toute la terre” (Ps 44:17). Car le nouveau Moïse est aussi nouveau Jacob, père des douze tribus. Et il unifie son peuple en l'élevant à lui, « Tête du Corps de l'Église » (Col 1:18a). Les Douze, ce sont les quatre premiers multipliés par 3, comme les 4×3 portes de la cité qui portent le nom des douze tribus (Ez 48:30-35). Leur montée, c'est, on l’a dit, 1° il monte, 2° il appelle-à-lui, 3° “ils s’en allaient vers lui” ; leur sommet, c'est “Il a fait les Douze” ; et leur descente, c'est 1° “Pour qu'ils soient avec lui” (union en haut), 2° “pour qu'il les envoie clamer” (descente comme lui est descendu), 3° “et avoir autorité de jeter dehors les démons” (victoire sur l’ennemi tout en bas).

Pour qu'ils soient avec lui : Car tout part de l'union avec le Principe (Col 1:18b). « Je suis la vigne, vous les sarments. Sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15:5). Être avec lui, ce sera toute l'étape 2 de Marc (3:13-6:6) : suivre étroitement le Christ pour être enseigné par sa “sagesse” et ses “puissances””, (6:2), c’est-à-dire par ses paraboles et ses guérisons.

Pour qu'il les envoie : Être envoyé, ce sera toute l'étape 3 de Marc (6:7-8:26) : être envoyé par le Christ pour ramener au Christ. Car « tout a été créé par lui et pour lui » (Col 1:16) : « le mystère de sa volonté est de tout ramener sous un seul chef, le Christ » (Ep 1:10). Cette dualité « être avec – être envoyé » peut se lire aussi au niveau individuel : puisque le corps reflète l'âme, la partie haute de l'âme doit être avec le Christ pour que ses autres facultés soient envoyées clamer. On peut lire aussi : de même qu'il y a diastole (quand le sang rentre au cœur) et systole (quand il sort), il faut alterner retraite et mission (Mc 6:30-31). Ou encore : il faut que les contemplatifs prient pour les actifs (Ep 6:19).

3° Clamer 15. et avoir autorité de jeter dehors les démons : Après 1° s'être unis à Dieu, les Douze peuvent 2° descendre clamer aux hommes, et 3° purifier l'univers de ses démons. Juste après Pentecôte, Isaïe fait réciter une descente : « Ils ne trébuchaient pas plus qu'une bête qui descend dans la vallée ; l'Esprit du Seigneur les menait au repos » (Is 63:14). Leur triple mission couvre toute la création (cf. 16:20), car être avec lui c’est être au ciel, être envoyé clamer c’est parcourir la terre, et avoir autorité sur les démons c’est soumettre l’enfer : les apôtres partagent la seigneurie du Christ dont le Nom fait « fléchir tout genou dans le ciel et sur la terre et sous le sol » (Ph 2:10). On est ici très proche des thèmes de la grande Pentecôte d'Ac 2. De plus les étapes 2 (être avec lui) et 3 (être envoyé) sont toutes deux un développement de la fête de Pentecôte, Shavouot. Précisons encore qu’il y a un unique envoi pour une double mission : clamer et avoir autorité sur les démons, c’est pile et face. En effet, on ne prêche pas la lumière sans chasser les ténèbres (Gn 1:3-5). Annoncer et dénoncer. Et aussi renoncer. Ainsi, le catéchumène est toujours exorcisé avant d'être chrismé. Ce sont les deux faces de cette montagne toute fumante (Ex 19:18) où tombe l'Esprit (Ac 2:3-4) : 1° « Que Dieu se lève », 2° « et que ses ennemis soient dispersés » (Ps 67:2). Lire le Ps 67:6-10.

marc.m03j01.txt · Dernière modification: 2020/11/27 00:23 de fg