Debarim

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DEBARIM

1. Marc au fil du calendrier biblique

Troisième mois (Sivan)

Jours : 123456789101112131415161718192021222324252627282930

Quatrième mois (Tammuz)

Jours : 123456789101112131415161718192021222324252627

Onzième mois (Av)

Jours : 123456789101112131415161718192021222324252627282930

Douzième mois (Ellul)

Jours : 123456789101112131415161718192021222324252627

2. Exégèse

3. Liturgie

marc.m03j04

Marc, mois 3, jour 4

3:20. Et il vient à la maison et de nouveau se réunit la foule * tant qu’ils ne pouvaient même pas manger (leur) pain
21. Et les siens entendant cela sont sortis pour le saisir car disaient-ils * Il-est-hors-de-lui

3:20. Et il vient : Au singulier. C'est lui qui vient, mais suivi des Douze : « Tu sortis devant ton peuple » (Ps 67:8). Et le pasteur « me guide aux sentiers de justice » (Ps 22:3). “Les brebis écoutent sa voix” (Jn 10:3). C'est la “Voix du bien-aimé, le voici : il vient” (Ct 2:8). Et que vient-il faire ? “Il envoie sa parole sur la terre” (Ps 147:15), “car il vient pour juger la terre” (Ps 95:13).

A la maison : Parce que « Dieu fait habiter les solitaires dans une maison » (Ps 67:7). « Combien bon, combien doux d'habiter en frères tous ensemble » (Ps 132:1). Le Seigneur est le nouveau Jacob qui a uni les Douze dans une même fraternité, une collégialité. Dans sa maison. Pour le psalmiste, habiter la maison du Seigneur, n’est-ce pas la seule chose à rechercher ? Car on y contemple ses délices. Même si une armée campe contre moi (Ps 26:4, 3). En fait d’armée on va avoir une offensive… des scribes de Jérusalem. Ceux-là même que le Seigneur vient juger. Et puis, s'il vient à la maison, c'est avec des holocaustes : « je viens dans ta maison avec des holocaustes » (Ps 65:13) : c’est dire que le Seigneur, en bon pasteur, vient dans la maison… de Dieu (non plus le temple, mais l'Église) offrir ses brebis à Dieu. Pour le sacrifice de Pentecôte (Lv 23:18) ! Comme il dira lui-même : “Consacre-les dans la vérité. Ta Parole est vérité. Comme tu m'as envoyé dans le monde, ainsi je les ai envoyés dans le monde” (Jn 17:17-18).

Et de nouveau se réunit la foule : “De nouveau”, car c'est la foule qui avait appris dans cette même maison la rémission des péchés (cf. 2:1-2, 5). Le tonnerre de la prédication, relayé par ses deux fils (b'nei rig'sha) attire la foule comme au Sinaï pour le don de la Loi (Ex 19:16-17), et dans la chambre haute pour le don de l'Esprit (Ac 2:6), et comme à Rephidim pour les abreuver d'eau vive (Ex 17) au roc de la foi, représenté par Pierre (Kéipha).

Tant qu'ils ne pouvaient même pas manger leur pain : Bien évidemment il faut nourrir ce nouveau troupeau, comme il donna la Loi, et la manne, à l'ancien : « Il leur donna le pain du ciel » (Ps 77:24). A un autre endroit les disciples lui disent : « Rabbi, mange ! » Et il répond : « J'ai à manger un aliment que vous ne connaissez pas. Ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé et de mener son œuvre à bonne fin » (Jn 4:31-32, 34). Être avec lui envoyé clamer, c'est entrer dans « la libéralité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui pour vous s'est fait pauvre pour vous enrichir par sa pauvreté » (2Cor 8:9). « Comme une mère nourrit ses enfants et les entoure de soins, telle était notre tendresse pour vous que nous aurions voulu vous livrer, en même temps que l'Évangile de Dieu, notre propre vie » (1Th 2:7-8). L'initiation à l'apostolat commence par troquer le pain sorti de la terre pour « le pain qui descend du ciel et donne la vie au monde » (cf. Jn 6:26-59). Cette situation de jeûne est déjà une comparaison en gestes, et, comme les comparaisons verbales, elle cache un enseignement : ce n'est que par l'expérience du manque que, comme au désert, les disciples découvriront que “non de pain seulement vivra l'homme mais de tout ce qui sort de la bouche de Dieu” (Dt 8:3), et qu’« il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20:35).

21. Et les siens entendant cela (litt. “Et, ayant entendu, les proches de lui”) : N'avaient-ils rien remarqué avant ? C'est que « longtemps j’ai gardé le silence » (Is 42:14) : à travers Isaïe le Seigneur parle de sa vie cachée à Nazareth au milieu des siens. Oui, « vraiment tu es un Dieu caché » (Is 45:15). Mais à trente ans il vint au Jourdain (Lc 3:21-23). Et là, qu'ont entendu les siens ? Que leur compatriote, leur cousin, a eu maille à partir avec les pharisiens, qui disent ne pas vouloir manger de ce pain-là. Or lui, au lieu de faire profil bas, que fait-il ? Il forme une havoura  (une confrérie) bizarroïde et développe son enseignement, courant à l'affrontement ! Il y a fort à parier que les cousins ne veulent pas être mêlés à cette histoire, qui va leur retomber dessus : « On n'est pas toujours d'accord avec les pharisiens, mais c'est quand même eux qui donnent une cohésion au pays face aux Romains et à leurs valets hérodiens ! » Eh bien non, répond Dieu : “Moi, j'ai sacré mon roi sur ma montagne sainte” (Ps 2:6), ce roi a choisi les Douze, et l'unité se fera autour d'eux (cf. Mc 4:10-11). Mais ça fait peur. Et les cousins sont comme ces français qui râlent toujours sans imaginer un autre système que démocratie et laïcité : forcément le meilleur, puisque 1° c'est le nôtre, et 2° que tout le monde le dit. Donc il vaut mieux crier avec les loups.

Sont sortis pour le saisir : Et ils voudraient saisir Dieu pour l'emprisonner dans leur système. A titre personnel, ils apprécient probablement leur Jésus, mais jugent qu'il vaut mieux se taire, et le faire taire. C'est comme aujourd'hui : on préfère pratiquer l'autocensure par peur du pouvoir idéologique. Déjà à la première Pentecôte, au Sinaï, on entendit : « Ce grand feu pourrait nous dévorer si nous continuons à écouter la voix du Seigneur » (Dt 5:25). Et à la grande Pentecôte de la chambre haute on traitera les Apôtres d’ivrognes (Ac 2:13). Et en général les auteurs de révélations gênantes encourent la prison ou l’hôpital psychiatrique. Donc mieux vaut saisir Jésus : “C'est pour son bien”, diront-ils. Et pour leur tranquillité.

Car, disaient-ils : Ou “disait-on”, mais c'est pareil, en fait, car leur désir, c'est le consensus : ils veulent se fondre dans le on. Dans les sociétés traditionnelles, le nous passe facilement avant le moi. C’est beau de vaincre l’individualisme, sauf qu’« il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Ac 5:29). Et justement : ce nous n'a pas vu le souffle impur entrer dans la Synagogue (cf. Mc 1:23) et inspirer peu à peu aux pharisiens des traditions humaines (Mc 7:8) qui sont devenues majoritaires et contraignantes. Alors que le Christ, lui, est fidèle à la tradition prophétique (Mc 1:2-3). Mais il est tellement minoritaire qu'il n'est pas crédible ! Ainsi le normal est-il devenu anormal, et le moi n’est plus libre dans le nous. < Il est hors-de-lui : Ils pensent en fait “Il est hors de nous”. Un nous qui veut inclure les pharisiens et le Seigneur dans un même « vivre ensemble » qui n'est qu'un « attelage disparate avec des infidèles » (2Cor 6:14). Ils lui disent : « Mais non, ils ne veulent pas te tuer, ne sois pas complotiste ! » (cf. Jn 7:20) Et pourtant si : ils projettent de le perdre (Mc 3:6). Mais « en embuscade avec les riches dans l'ombre pour tuer l'innocent » (Ps 9:29). Il faudra finir par choisir entre lui et eux ! Tué ou tueur, en quelque sorte…  On ne peut fuir le combat, qui commence par une séparation : « Sortez du milieu de ces gens-là, ne touchez rien d’impur et moi je vous accueillerai » (2Cor 6:17 citant Jr 51:17 et Is:52:11). Sous ce “hors de lui”, il faut entendre « Sortez de vous-mêmes » et « Je viens dans ta maison avec des holocaustes » (Ps 65:13). C'est-à-dire « Offrez-vous vous-mêmes en sacrifice vivant » (Rm 12:1).

marc.m03j04.txt · Dernière modification: 2020/11/29 17:58 de fg