5:33. Or la femme
craignant * et tremblant
sachant ce qui lui était advenu
est venue * et est tombée-devant lui
et lui a dit toute la vérité
34. Celui-ci lui a dit * Fille ta foi t’a sauvé
pars en paix * et sois-assainie de ton tourment
5:33. Or la femme craignant et tremblant : La femme qui “a connu dans son corps qu’elle était guérie”, a connu en même temps « le désir de l’Esprit, vie et paix » (Rm 8:6), c’était l’économie de l’Esprit Saint. Place maintenant à l’économie du Fils, dont la mission est de semer dans la bonne terre de son Corps les semences de l’Esprit. C’est ce désir qui L’a fait manifester sa recherche par sa volte-face et sa question à voix haute dans l’assemblée des disciples (cf. Si 15:5), afin qu'un nouveau membre y soit admis à son tour, en présence de tous. Cet interrogatoire aussi suscite en la femme crainte et tremblement, car cette question signe la fin de douze ans d’exclusion et inaugure une nouvelle vie “dans son corps”, corps non seulement physique, mais social et mystique. Reconnaître l’action de Dieu en soi est comme un baptême, et suscite déjà crainte et tremblement ; mais être appelé à le confesser devant les autres est un nouveau pas, un « amen » qui est la confirmation du baptême (2Cor 1:20-22).
Sachant ce qui lui était advenu : Ce n'est pas “sachant”, c’est “voyant” qui est écrit (cf. 4:24), au sens peut-être ici de “réalisant” (cf. “Voyez ce que vous écoutez”, 4:24) : elle arrive grâce à la question du Seigneur à comprendre, à comparer l’avant et l’après, à le formuler et donc à transmettre son expérience, ce qui est la véritable conclusion d'une thérapie (cf. Ps 77:6).
Est venue : « Qui fait la vérité vient à la lumière pour que soit manifesté que ses œuvres sont faites en Dieu » (Jn 3:21). Elle qui était derrière passe devant. Il faut dire que le Seigneur l’a déjà aidée en se retournant ! « Il nous a aimés le premier » (1Jn 4:19). A travers elle, ce sont tous les exclus d'Israël, donc toutes les nations, qui viennent et passent devant. Très beau moment du triomphe des pauvres !
Et est tombée-devant lui : Le fait de tomber-devant lui marque un progrès dans la (re)connaissance : « D'une écoute d'oreille je t'avais entendu, et maintenant mon œil t'a vu » (Jb 42:5). « Ce que j’ai connu dans ma chair est dû à ton action qui me dépasse ». Tomber devant lui marque comme pour Jaïre la défaite de l'ennemi, donc la fin de l’inimitié, donc l’entrée de la femme dans le Sanctuaire, entrée qui lui était fermée depuis douze ans. Et en même temps cela marque l’unité retrouvée entre la Synagogue et les « exclus de la cité d’Israël » (Ep 2:12) « Paix pour vous qui étiez loin et paix pour ceux qui étaient proches », prophétise Isaïe (57:19), commenté par Paul : « Par lui nous avons, tous deux en un seul Esprit, libre accès auprès du Père » (Ep 2:18). Relire Ep 2:11-18.
Et lui a dit toute la vérité : C’est “devant lui”, et non devant les autres qu’elle tombe, mais en même temps elle se dévoile aux autres. Sans respect humain, elle “dit”. Or la vérité, c’est le dit qui colle à la réalité, mais c’est aussi le Verbe, le Christ lui-même (Jn 14:6), « Mon témoignage est vrai » (Jn 5:31). C’est le témoignage du Seigneur, « Car c’est toi qui agissais » (Ps 38:10). Cf. Ph 2:13. Aussi « Je te confesserai dans l’assemblée » (Ps 110:1), « J’acquitterai mes vœux au Seigneur devant tout son peuple » (Ps 115:9). Et par là elle devient partie prenante de la foule nombreuse qui le suivait et l’entourait. Du nouveau sanctuaire. Elle qui était dernière dans la Synagogue, qui était venue par derrière, elle est première dans l’Église, et repartira par devant, tête haute, chantant et dansant avec le tambourin comme Myriam (Ex 15:20). Elle accomplit le Shéma Israël : elle a entendu le Seigneur, l’a aimé, a gardé Sa Parole, et l’a transmise (Dt 6:4-8).
34. Celui-ci lui a dit Fille ta foi t’a sauvée : De fait, il l'appelle “fille” : fille d'Abraham dans le Corps du Christ, fille du Père céleste, renée non par la chair, non par les œuvres, mais par la foi, et sœur des disciples frères du Christ (3:35). Perdue pour la synagogue, elle est sauvée dans l’Église, pauvresse possédant le Royaume, douce héritant la terre, endeuillée consolée, affamée et assoiffée rassasiée, pure de cœur et pacificatrice… (Mt 5:3-9)
Pars : S'ouvre devant elle la voie spirituelle de l’Église, le temple d’où elle était exclue, d’abord la purification du Vestibule, puis l'illumination du Saint, enfin l'union du Saint des saints.
En paix : La paix que je t’apporte est celle du Messie (Ps 71), « plénitude de paix jusqu’à ce que disparaisse la lune » (Ps 71:7). « Le lieu où il réside, c'est la paix, et sa demeure est en Sion ; là il a brisé la force de l’arc, l’épée, le bouclier, la guerre » (Ps 75:3-4). « Il fera cesser les combats jusqu’au bout de la terre. » (Ps 45:10). « Ma paix, non comme le monde la donne, je te la donne » (Jn 14:27).
Et sois-assainie : La source de son sang (5:29), source du tourment, devient source de bénédiction, « par un sang purificateur plus éloquent que celui d'Abel » (Hé 12:22-24). “Assainie” me rappelle l'eau du sanctuaire qui se déverse dans la mer Morte « dont elle assainit les eaux » (Ez 47:8). Lire tout le chapitre donnera une idée de cette bénédiction : c'est la vie selon l'Esprit, source d'eau vive (cf. Jn 7:37-39).
De ton tourment : Le sens premier de mastix (tourment), c'est fouet (Ac 22:24, Hé 11:36), fléau à battre, d'où fléau, plaie, mal, calamité (Mc 3:10)… Fin du tourment. On tourne la page. Une voie de salut s'ouvre, donc la voie de perdition se ferme. La vie selon la Loi de l'ancien temple entraînait tourment, plaie, pour les impurs, c'était l'eau du Nil changée en sang, imbuvable (Ex 7:14-25). La loi du temple nouveau, fondée sur le sacrifice du Christ, assure la purification, moyennant la foi. Comme l'eau de Mara assainie par le bois figure de la Croix (Ex 15:23-25). “Ceci est mon sang de l'alliance, versé pour beaucoup” (14:24).