Marc, mois 3, jour 25

4:26. Et il disait
Il en est du Règne de Dieu * comme d’un homme qui jetterait la semence sur la terre

27. et qu’il dorme * et qu’il soit réveillé
nuit * et jour
la semence germe * et grandit
lui ne sait comment


4:26. Et il disait : Jusque là c'était “il leur disait”. Pourquoi être plus général aux paraboles 6 et 7 ? Apparemment il s'adresse ici à tous et non seulement aux questionneurs. De plus ce sont les deux seules paraboles où il mentionne expressément le règne de Dieu, en regard des deux premières qui mentionnaient le royaume et la maison de Satan (3:23-27).

Il en est du Règne de Dieu : Règne ou royaume (voire royauté), il n'est pas facile de choisir, car le grec, contrairement à l'hébreu, n'a qu'un mot. En tous cas ce royaume est celui “de Dieu”, qui s'oppose ainsi au royaume divisé de Satan de la première comparaison (3:24) - il faudrait harmoniser la traduction. Les trois dernières comparaisons, dessinent les trois rendements de la terre promise, donc les trois niveaux du temple : la cinquième (4:24-25) le Vestibule, ou Ulam (cf. 2Chr 3:4-8) ; la sixième (4:26-29) le Saint, ou Hékal ; la septième (4:30-32) le Saint des saints, ou Débir. Notons en passant que c'est aussi en sixième et septième position que surgit le Nom de Dieu dans les Béatitudes (Mt 5:8-9). Inversement, les trois premières (Satan, le Fort et le Semeur) dessinent chacune le temple déchu, cette “maison de prière” devenue “caverne de brigands” (Mc 11:17). Et au centre, la lampe de la quatrième comparaison, du haut de son chandelier (à sept branches !), jette sa lumière sur ces deux temples. La comparaison 1 nomme Satan, entouré de sa maison et de son royaume, mais divisé et fini (3:23-26) ; la 2 montre sa maison pillée (3:27) ; et la 3 (4:3-20) son royaume devenu champ stérile. Les trois sols de la belle terre y sont seulement évoqués, échappant à Satan : ils sont réservés à ceux qui ont des oreilles pour écouter : ce seront les auditeurs des comparaisons 5, 6 et 7, ceux qui sont restés pour questionner. Ces trois sols fertiles sont la montagne 1° sur laquelle le Christ a appelé ses disciples (3:13), 2° où “il en a fait Douze” (3:14), et 3° au sommet duquel il s’est posé lui-même comme lampe sur le lampadaire. De ce trône le roi nourrit sa maison d’un pain nouveau (3:20), moissonné dans le jardin de son royaume à partir de la semence de sa Parole (4:14).

Comme d'un homme qui jetterait la semence sur la terre : La terre désigne ici la “belle terre” (4:8), et “jeter la semence” résume la comparaison précédente, la 5 : à la mesure dont il mesure il lui sera mesuré (4:24). Mesurer ou jeter la semence désigne l'élan initial, le choix, l'investissement. C’est la voie purgative, le premier niveau du temple, le bassin de purification et l'autel des holocaustes. Le 30 pour 1. Qui ne sème pas perdra même sa semence. Il faut la jeter pour la retrouver multipliée, et ce qui n'est pas donné est perdu, comme disait le père Ceyrac. Devenir disciple, c'est tout investir dans le maître, tout vendre pour acheter le champ qui contient  le trésor caché (Mt 13:44).

Et qu'il dorme et qu'il soit réveillé : Ici, on est au deuxième niveau du temple, l'inverse du terrain pierreux et de la plante qui monte sans racine. Ici on prend le temps de persévérer dans le choix initial, joug aisé (Mt 11:20), parce qu'à partir du moment où l’on a choisi la belle terre, la semence travaille toute seule et laisse à l'ouvrier le temps du repos.

Nuit et jour : La nuit on ne voit pas, mais la foi sauve. On peut dormir : “Pour moi, vivre, c'est le Christ”. Le jour, le soleil de l'oppression et de la persécution frappe dur, mais on a lumière et profondeur de terre et ainsi le soleil devient un atout. Et la persécution aussi ! “Et mourir m'est un gain” ajoute l'Apôtre (Ph 1:21). Et Tertullien : “Sanguis martyrum semen Christianorum”. Et le psalmiste : “Le jour le Seigneur envoie sa miséricorde, et la nuit son chant (est) avec moi, prière au Dieu de ma vie” (Ps 41:9). Ce deuxième niveau est l'inverse du deuxième terrain stérile, où oppression et persécution faisaient tomber “ceux d'un moment” (4:17).

La semence germe et grandit : Après la voie de la purification résumée par la mesure, la voie de l'illumination est résumée par semailles, germination et croissance. La voie de l'union, ce sera la fructification. Ce sont des choses que rappelleront toujours les Apôtres, comme il est dit : “Je vous rappellerai toujours ces choses” (2P 1:12). Voici justement ce que disent les versets précédents (2P 1:3-11) : “Les précieuses, les plus grandes promesses nous ont été données, afin que vous deveniez participants de la divine nature (voie unitive) vous étant arrachés à la corruption qui est dans le monde, dans la convoitise (voie purgative). Pour cette même raison, apportez encore tout votre zèle à joindre à votre foi la vertu, à la vertu la connaissance, à la connaissance la tempérance, à la tempérance la constance, à la constance la piété, à la piété l'amour fraternel, à l'amour fraternel la charité (voie illuminative, plus longuement détaillée, comme dans cette comparaison). Car si ces choses vous appartiennent et qu'elles abondent, elles ne vous laisseront pas sans activité ni sans fruit pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ (voie unitive). Qui ne les possède pas est aveugle, myope, (l'inverse de l'illumination) il a oublié qu'il a reçu la purification de ses anciens péchés” (l'inverse de la purification). La suite conclut sur la nécessité du zèle (voie illuminative) pour entrer au Royaume (voie unitive).

Lui ne sait comment : L'important, dans ce deuxième niveau du temple nouveau, c'est de persévérer. Persévérer dans le choix initial, celui de tout perdre pour tout gagner. C'est le niveau du Saint, du Hékal, où les prêtres entraient tous les jours pour entretenir les sept flammes du lampadaire, poser les douze nouveaux pains sur la table et offrir l’encens sur l’autel des parfums. Ici, c'est carrément nuit et jour ! Mais cette œuvre de persévérance n'est pas le vrai labeur : elle est indispensable, mais l'homme, prêtre et jardinier, n'est que collaborateur, juste en étant “présent à la Présence”, dans le but de laisser la semence de la Parole divine, elle, œuvrer librement. Dites : “Nous sommes esclaves inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire” (Lc 17:10).