4:20. Et ceux-là sont ceux ayant été semés dans la belle terre
ceux qui écoutent la Parole * et la reçoivent-au-dedans-d’eux
et portent du fruit
l’un trente * et l’autre soixante
et l’autre cent
4:20. Et ceux-là : C'est l'inverse de “ceux-ci” (les trois sols précédents).
Sont ceux ayant été semés : Sachons y voir la semence d'Abraham (Lc 1:55), celle qui, comme son père “déjà marqué par la mort” (Hé 11:12), a eu foi (Rm 4:3, Ga 3:6), et a été “réengendrée par la Parole” (1P 1:23-25).
Dans la belle terre : Belle et bonne, la terre promise est réputée pour son rendement (Nb 13:23) ; aux temps messianiques, “son fruit s'élèvera plus haut que le Liban” (Ps 71:16). Les doux en hériteront (Ps 36:11). Aussi, “Je veux plaire au Seigneur dans la terre des vivants” (Ps 114:9). Cette terre ne figure pas seulement le nouveau peuple de Dieu (sens ecclésiologique) mais le monde à venir (sens eschatologique). “Je vais créer cieux nouveaux et terre nouvelle” (Is 65:17). C’est le monde que le Messie, revêtu de l'Esprit, doit instaurer (cf. Is 11), Corps du Christ, temple de pierres vivantes, montagne sainte, échelle de Jacob, comme le disent les trois formules suivantes :
Ceux qui écoutent la Parole : Donc l’inverse du bord de route.
Et la reçoivent-au-dedans-d'eux : Donc ici l’inverse des sols pierreux.
Et portent du fruit : Et donc là l’inverse des épines. Les fruits de l'écoute. Quels sont-ils ? Vous pouvez aller compter dans le Shéma Israël (Écoute Israël) les sept verbes qui suivent : là sont les sept fruits de l'écoute (Dt 6:4-9). Et vous verrez qu'ils sont suivis des sept dons de la Providence (v. 10-11).
L'un trente, et l'autre soixante et l'autre cent“ (litt. “en 30 et en 60 et en 100”) : Ce monde à venir déjà présent dans l'Église, nous l’avons vu, est une montée perpétuelle, une échelle sainte, non seulement bien sûr celle de la hiérarchie de l’Église, mais celle de la vie spirituelle, car Dieu reste toujours plus grand, on découvre toujours du neuf sur Lui en Lui, de sorte qu’il ne peut y avoir d'ennui dans la vie spirituelle ou de stagnation dans la vie éternelle. Les trois rendements désignent selon saint Irénée ces « plusieurs demeures dans la maison de mon Père » (Jn 14:2). Elles sont donc disposées non pas horizontalement mais verticalement, dans cette ascension perpétuelle vers la perfection qui constitue l'union à Dieu (cf. Ph 3:13-16). Ascension jamais terminée puisque Dieu est infini et que l'homme est fini. On retrouvera ces trois niveaux dans tout Marc, ce que BF appelle jardin, cité et trône. Et chez les Pères, c'est aussi la triple voie de purification, illumination et union. Les prochaines comparaisons vont la détailler.