4:4. 1. Et de nouveau il a commencé à enseigner au bord de la mer * Et s’assemble auprès de lui une foule très nombreuse
si bien que lui étant monté dans une barque s’est assis en mer * et que toute la foule se trouvait près de la mer sur la terre
2a. Et il leur enseignait en comparaisons beaucoup de choses
4:1. Et de nouveau il a commencé à enseigner : C'est ici le commencement de l'enseignement général, pour une foule ; une foule de débutants, certes, mais une foule venue a priori pour apprendre. Donc un enseignement construit sur la venue de ce Règne de Dieu qu’il annonce depuis le début (1:15).
Au bord de la mer : En Marc, le premier enseignement eut lieu à la synagogue, où il provoqua un exorcisme (1:22-23) enseignant par là que le Seigneur vient à l'accomplissement du temps (1:15) de l'ancienne alliance, « sujet de la Loi pour racheter les sujets de la Loi et nous conférer l'adoption filiale » (Ga 4:4-5). Celui qui fut proclamé Fils bien-aimé et reçut le Souffle Saint (1:10-11) devait commencer par chasser le souffle impur (1:23-26). En effet, « le monde entier gît au pouvoir du Mauvais » (1Jn 5:19), mais « le jugement commence par la maison de Dieu » (1P 4:17). Quant au premier enseignement au bord de la mer (Mc 2:13), il nous renvoyait au premier commencement, à la Genèse : c’était la création d’une terre (Gn 1:9) nouvelle, libérée du péché (Mc 2:5) : le Christ s'adjoignait Lévy (Mc 2:14) et mangeait à la table des pécheurs (Mc 2:16), révélant la nouveauté de la rédemption et ouvrant le conflit avec l'ancien monde. « Devant moi tu apprêtes une table… face à mes adversaires » (Ps 22:5). Car la Synagogue a décidé sa perte (3:6), et lui a dû “faire les Douze” (Mc 3:16). Le deuxième enseignement au bord de la mer, où nous sommes maintenant rendus, devrait donc a priori expliciter ces deux voies, pour les Douze et les disciples qui désormais l'entourent (3:34).
Et s'assemble (synag-) auprès de lui : Cette assemblée auprès de lui, sa nouvelle synagogue, son temple, ce sont 1° les disciples, 2° dont certains sont apôtres, et, 3° au sommet, le Saint des saints, qu’il est lui-même. « Confirme, ô Dieu, ce que tu as accompli depuis ton temple en Jérusalem » (Ps 67:29-30) : « En avant marchaient les princes, suivis des chantres. Bénissez Dieu dans les assemblées » (id. 25-26). C’est le nouvel Israël qui part traverser la mer.
Une foule très nombreuse : « 600 000 hommes de pied partirent de Ramsès pour Sukkoth » (Ex 12:37). La deuxième étape est le deuxième livre de sa nouvelle Torah, un nouvel Exode. Au bord de la mer, les voici en partance (cf. 4:36). Et cette “nombreuse multitude” qui le suit est, d'après 3:8, autant juive que païenne. Ce sont les 400 qui suivent David à Adullam : d'une part sa famille (“les siens”), d'autre part… les endettés (1Sam 22:1-2). Waw ! cf. “Tes péchés sont remis” (2:5). Toujours la thématique de la rémission des dettes. Tout ce monde est donc en partance, mais vers où ? Eh bien, après l’enseignement ceux qui le suivront partiront sur la mer vers un pays païen (5:1) : n’est-ce pas Gérasa que l'on devine à travers les voiles de la barque ? Et, au-delà, n'est-ce pas le monde à venir, ce royaume des cieux qu'il annonce depuis le début (1:15) ? C’est la maison où il envoyait le paralysé (2:11). La maison du Père. Cette foule annonce celle de la Pentecôte qui écoutera Pierre, d’où se détacheront les 3000 convertis (Ac 2:41) qui monteront dans sa barque pour « se sauver de cette génération dévoyée » (Ac 2:40).
Si bien que lui étant monté dans une barque : Certes, la voix porte mieux sur l'eau, mais encore ? Eh bien, notons que la barquette (3:9) devient ici barque, donc pouvant accueillir les Douze (4:36), ainsi qu’une cale pour le poisson (4:38) et un chalut (1:19). Il y a donc le projet d'une bonne pêche dans la barque de Pierre. Et d’un tri sur le rivage (Mt 13:48).
S'est assis en mer : C'est lui le pêcheur et le passeur, il domine les puissances infernales, « la Sagesse le pilote à l'aide d'un bois sans valeur » (Sg 10:4) et le conduit vers les rives fécondes. Bientôt il marchera carrément sur la mer (4:48), « à la tête de son peuple » (Ps 67:8).
Et il leur enseignait en comparaisons : Cette mise en scène, telle que décrite, est une comparaison jouée soulignant la comparaison chantée qui suit. Qui peut admettre que le Fils de Dieu descende du ciel ? Seule la comparaison a cette vertu de le suggérer en amenant l’esprit à s'interroger. Ainsi le débutant doit apprendre à déchiffrer les comparaisons. Les parlées et les jouées.
Beaucoup (de choses) : Ça change des coups de griffe aux sceptiques de l'étape 1 : nous sommes ici à l'enseignement élaboré, développé, pour public, certes ignorant, mais décidé. Le nombre des images compensera la limite de l'image. “A maintes reprises et de maintes manières”, dit l'Apôtre en parlant des prophéties (Hé 1:1). Ici c'est un ensemble de cinq comparaisons (clin d'œil à la nouvelle Torah) qui sera conclu par “Et par beaucoup de comparaisons semblables il leur disait la Parole” (4:33), ce qui veut surtout dire que toutes sont semblables, ne disant qu'une Parole, qui est le Fils (Hé 1:2). Le nombre cinq enseigne que l’ensemble de la Torah (et par là de l’Ancien Testament), est la comparaison de l’Évangile (et par là du Nouveau Testament), qui en est le déchiffrement. Et qu’on doit apprendre à lire le monde nouveau à travers l’ancien.