Marc, mois 4, jour 2

4:40. Et il leur a dit
Pourquoi êtes-vous aussi peureux * N’avez-vous pas de foi encore

41. Et ils l’ont craint d’une grande crainte * et ils se disaient les uns aux autres
Qui donc est celui-ci
que lui obéissent et le vent * et la mer


4:40. Et il leur a dit Pourquoi êtes-vous aussi peureux N’avez-vous pas de foi encore : Dans la bouchée de ce jour en Isaïe (13:6-8) on lit cette stupeur des disciples, et le prophète l'explique en disant : “Il est proche, le jour du Seigneur” (et il aborde ce thème la veille du solstice d'été). Mais en Marc le Seigneur l'a déjà annoncé : “Il s'est approché le règne de Dieu” (Mc 1:15). Le Christ, le Dieu-homme, est ce jour tant attendu de la nouvelle création qui ne passera pas. Ainsi, s'il sait qu’il faut laisser du temps au temps, cela ne l'empêche pas de presser ses moussaillons ! Il veut enseigner à ces croyants néophytes à naviguer en donnant le gouvernail au Père. Or ceux-ci ne voient que le Fils, qui dort comme un enfant sur le coussin ! Quand les vents tourbillonnent, comment « entrer dans son repos » ? (Ps 94:11, Hé 4:3) Comment chanter In labore requies, In æstu temperies ? Le tourbillon pénètre leur âme. En plus, si des disciples juifs voient comme nous tentons de le faire dans cette traversée mouvementée la parabole de l’ouverture aux païens, ils ne peuvent que faire leur ce bouleversement : que va-t-il advenir d’Israël ? Ne va-t-il pas se diviser ? Se retourner contre les dissidents dont ils sont ? Quelles persécutions ne vont pas les atteindre (Mc 13:7-23) ? Mais le Seigneur en s’étonnant de cette non-foi (cf. Mc 6:6) veut amener les peureux à se questionner : « La foi n’est-elle pas la nouvelle attitude qui remplace les recettes de jadis ? Ces recettes ne sont-elles inadaptées dans l’inconnu de cette traversée vers le nouveau monde, et pour ces païens “qui ne distinguent pas leur droite de leur gauche” (Jon 4:11) ? Toutes nos certitudes ne sont-elles pas à jeter à la mer comme la cargaison du bateau de Jonas ? (Jon 1:5) ». Le Seigneur leur répond : « Oui, vous craignez de périr, mais n’est-ce pas le destin de ce grain de blé dont je vous parlais tout à l’heure ? Regardez comme je dors tranquille : un enfant dans les bras du Père ! Mais mon cœur veille (Ct 5:2) : je révèle l’économie du Père, sa Providence. Laissez hurler les vents et la mer. N’ayez pas peur : ce n’est pas vous qui allez périr, c’est cette cargaison périmée des préceptes mosaïques, qui ne peuvent sauver (cf. Rm 3:20, Ga 2:16). Les marins de Jonas surent les jeter. Ma résurrection ouvrira le chemin d’une nouvelle économie, celle de la grâce, et c'est ainsi que “ma Voie sera connue sur la terre, et mon salut parmi toutes les nations” » (Ps 66:3).

41. Et ils l’ont craint d’une grande crainte : Il demandait la foi, il a eu la crainte… Bon, c’est le premier pas (Pr 9:10). Ne boudons pas, et, comme on a dit, laissons du temps au temps : “Qu’il dorme et qu’il soit réveillé la semence germe et grandit” (4:27). Surtout que c’est une “grande crainte”. Expression qui vient encore de Jonas (1:10,16). Et aussi de Samuel qui obtint que Dieu fît tonner et pleuvoir (!) en pleine moisson des blés, ce qui n’arrive jamais et provoqua grande crainte du peuple (1Sam 12:18). Or la saison est celle de la moisson des blés, et en Marc, l’orage précède aussi une moisson… celle des païens.

Et ils se disaient les uns aux autres Qui donc est celui-ci que lui obéissent et le vent et la mer : Au moins le Seigneur aura obtenu le début d’un questionnement. On n’avait point encore vu chez lui pareille maîtrise des éléments. Plus qu’à Samuel il y a de quoi lui chanter comme à Dieu lui-même le chant d’Amos (5:8-9) ou le psaume 106:23-32, et lui offrir un sacrifice comme les marins de Jonas (1:16).